Décoloniser la Reconnaissance

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L’idée de Décoloniser la reconnaissance est née de plusieurs rencontres. La personne qui a inspiré le titre de ce livre est Victoria Fontan, l’auteure de Decolonizing Peace. Victoria avait été invitée à prendre la parole à ePIC 2018 par Don Presant, un collègue canadien de longue date, qui m’a fait découvrir les Open Badges. De l’expérience des Open Badges est née l’idée de « Reconnaissance ouverte » formulée initialement dans la Bologna Open Recognition Declaration avec la complicité de Don et Nate Otto, un collègue américain. La rencontre Decolonising Peace avec Ia Reconnaissance ouverte serait le terrain fertile sur lequel les idées de Décoloniser la reconnaissance allaient se développer..

Pour mettre cette idée à l’épreuve, je mis au défi Patrick Werquin, rencontré alors qu’il travaillait à l’OCDE, de soumettre un article sur décoloniser la reconnaissance. Il a accepté de bon gré et proposé Décoloniser la VAE (Validation des acquis de l’expérience), un article dans lequel il partage son expérience africaine avec des méthodes de reconnaissance venues d’ailleurs…

Regina Klein, l’autre co-éditrice, est la plus récente des rencontres. Regina s’est intéressée aux travaux que nous menions avec Philippe Petitqueux dans le cadre du projet européen MIRVA (Making Informal Recognition Visible and Actionable) alors qu’elle travaillait sur des approches postcoloniales pour déconstruire les régimes de reconnaissance « occidentaux » et les normes de reconnaissance européocentriques. C’est grâce à elle que l’intention d’un livre a évolué vers cet appel à auteurs.

Il y a beaucoup d’autres rencontres qui devraient être mentionnées, mais je dois clore cette liste, aussi le ferai-je avec une rencontre marquante : celle de Claire Héber-Suffrin qui, depuis des années, est à la pointe du combat pour la reconnaissance des personnes et la valeur de leurs savoirs acquis de manière informelle. Claire a gracieusement accepté d’accompagner le destin de Reconnaître, l’association qui porte haut les couleurs et valeurs de la reconnaissance ouverte.

Pourquoi Décoloniser la reconnaissance ? La première formulation de cette idée est née du constat de la colonisation croissante de l’informel par le formel, que les espaces de liberté propres à l’informel se rétrécissent sous l’assaut de toutes sortes de normes et de métriques : par exemple, une récente loi française sur l’égalité et la citoyenneté, oblige les universités à reconnaître l’engagement civique des étudiant.e.s. Afin de les récompenser avec des crédits ECTS (European Credit Transfer and Accumulation System), cette participation auparavant volontaire et informelle à la vie de la cité est devenue une injonction dont la valeur est formellement mesurée par rapport à des « normes » et récompensée par plus ou moins de crédits ou badges.

La deuxième formulation de cette idée est plus littérale : c’est la critique de la revendication par les pays « développés » de la supériorité de leurs normes, modèles et connaissances. Comme l’évoque Décoloniser la VAE, sur le terrain de la reconnaissance, c’est un échec. C’est même un double échec : pour ceux qui n’ont pas été et ne seront pas reconnus, mais tout autant pour ceux qui ont ignoré ce qui aurait pu être appris de ceux à qui l’on demandait de se conformer à nos connaissances et cadres normatifs.

À travers le regard des habitants du monde formel, celui de l’informel ressemble plus que souvent à ces territoires ‘sauvages’ en attente d’une ‘civilisation’ qui, au mieux, transformera la production vivante de la pensée ‘primitive’ en objets d’art chéris par les muséologues. Sur une note plus légère, citons la Baroness Blackstone qui, dans une conférence, proposait comme définition d’un universitaire (academic) : « un universitaire est quelqu’un qui voit quelque chose fonctionner dans la vie réelle et se demande si cela fonctionnerait en théorie ».

Ce sont ces constats qui ont conduit à la formulation des chapitres qui composent ce livre. Chacun est introduit par une indication de l’état de nos réflexions et des possibles chemins de la reconnaissance que nous vous invitons à découvrir et explorer (reconnaître !) ensemble. 

Vous pouvez contribuer à tout ou partie des chapitres proposés, sans limitation. La structure finale du livre dépendra de la teneur des contributions acceptées.

Calendrier

• Soumission des résumés : 12 octobre 2020
• Soumission des articles : 16 novembre 2020
• Articles prêts/reproduction : 7 décembre 2020
• Publication :  janvier 2021

Comment soumettre une contribution?

1. Signalez votre intérêt en remplissant le formulaire en ligne
2. Rédigez la contribution en utilisant le modèle proposé
3. Soumettez la contribution en l’envoyant à decolonising@openrecognition.org

Editeurs: Patrick Werquin, Regina Klein and Serge Ravet

Langue: anglais et français

Website: decolonising.openrecognition.org

Editeur: Editions Atlantique + open access

L’appel à auteur complet ici

Table des matières

• Présentation
  • Calendrier
  • Comment soumettre une contribution
  • Copyright
• Avant propos
• Chapitres
  • Économies de la reconnaissance – la montée inattendue du capital de reconnaissance
  • Épistémies de la reconnaissance – la nature transdisciplinaire d’une théorie de la reconnaissance
  • Cultures de la reconnaissance – la transgression au-delà des espaces de reconnaissance transculturels
  • Technologies de la reconnaissance – la contribution du numérique à la reconnaissance
  • Pédagogies de la reconnaissance – la co-construction des identités
  • Pratiques de reconnaissance – le potentiel émancipateur de la reconnaissance mutuelle
• A propos des éditeurs